Dans notre article « L’Etoile
du Nord de la Pico Ferme », nous vous énumérions les cinq branches de
notre « Etoile », les cinq piliers de ce que nous appelons le
Développement Durable 2.0, ou DD 2.0. Nous aimerions essayer de développer plus
avant chacune de ces branches, à raison d’une par article.
Le tout premier pilier du DD 2.0, à notre avis, n’est autre que l’individu,
soit chacun d’entre nous.
A tout niveau, des « simples citoyens » aux
« hautes sphères », nous prenons de plus en plus conscience de
l’importance de ce que nous faisons, de ce que nous sommes, et de l’impact que
chacun de nos gestes peut avoir sur notre environnement. Et, heureusement, cet
impact, qui peut être négatif, peut aussi est très fortement positif !
Mais, en tant qu’individus, tout en nous préoccupant de
notre environnement, de la planète, nous avons aussi le droit de nous
préoccuper de nous-mêmes, de nos droits et libertés les plus élémentaires, de
nos besoins fondamentaux, de notre confort, de notre avenir et de notre
épanouissement personnel.
Concernant les droits et libertés fondamentaux, le meilleur
texte nous semble être la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Qu’on
nous permette de citer quelques-uns de ses articles :
DUDH art 1er : « Tous les êtres humains
naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et
de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de
fraternité. »
DUDH art 2 : « 1.Chacun peut se prévaloir de tous
les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration,
sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de
religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou
sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
2.De plus, il ne sera fait aucune
distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays
ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou
territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une
limitation quelconque de souveraineté. »
DUDH art 3 : « Tout individu a droit à la vie, à
la liberté et à la sûreté de sa personne. »
DUDH art 25.1 : « Toute personne a droit à un
niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa
famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins
médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; (…) »
DUDH art 27.1 : « 1. Toute personne a le droit de
prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts
et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent. »
DUDH art 28 : « Toute personne a droit à ce que
règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les
droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver
plein effet. »
DUDH art 30 : « Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée
comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu un droit quelconque
de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des
droits et libertés qui y sont énoncés. » (Surligné par nos soins)
Concernant les besoins humains, qu’il s’agisse de
l'alimentation, de l'habillement, du logement, et même plus, ainsi que pour l’intégration
et la participation à la vie sociale, et
aussi de l’épanouissement personnel, une référence classique sur ce sujet est
la fameuse pyramide des besoins élaborée à partir de la réflexion d’Abraham Maslow, et
édité sous le titre « Devenir
le meilleur de soi-même ».
Voici la version simplifié de cette pyramide que nous
utilisons à la Pico Ferme, concernant le pilier « Individu », lorsque
l’on nous demande d’expliquer notre philosophie de vie :
Les 2 premiers niveaux, les
besoins physiologiques et les besoins de sécurité, correspondent, à notre avis,
à une différentiation d’accès aux ressources reflétant le statu
socio-économique des personnes, un peu comme sur le Titanic. Pour faire simple, les personnes
ayant le meilleur accès aux différentes ressources ont les meilleures chances
de survie, comme lors du tragique naufrage du célèbre paquebot, durant lequel
les femmes et les enfants de première classe avaient plus de chances de pouvoir
embarquer dans un canot de sauvetage que les femmes et enfants de troisième classe[1].
Ainsi, les personnes n’ayant pas
une alimentation suffisante, quelle qu’en soit la raison, n’ont pas les mêmes
chances de survie que les personnes pouvant assurer leur subsistance. Il en va
de même pour l’accès à l’eau, à une source de chaleur, à un abri, aux soins
médicaux, … Tout comme les personnes ne pouvant pas assurer leur sécurité
matérielle et/ou physique, soit elles-mêmes, soit par le biais des services
d’une autre personne, ont moins de chances de survivre.
Nous ne pouvons qu’insister sur
l’importance pour un individu d’être en mesure, et en droit, de faire tout ce qu’il lui serait
nécessaire pour survivre, qu’il s’agisse de produire ce dont il a besoin, ne
serait-ce qu’en cultivant ses propres légumes, par exemple, et/ou de se
prémunir des dangers potentiels. Après-tout, ne s’agit-il pas là des droits les
plus élémentaires et naturels de tout être vivant ?
Les 2 niveaux suivants,
l’appartenance à un groupe et la reconnaissance de celui-ci, relèvent, pour
nous, plutôt d’une question de rang relatif. Il est quantité de choses dont
nous n’avons pas forcément besoin pour survivre, mais que notre désire de nous
intégrer dans un groupe donné peut nous amener à considérer comme
indispensable.
Par exemple, vous n’avez pas
forcément besoin de manger du saumon, des huîtres, et en quantité
astronomique, à Nouvel An pour survivre.
Mais s’il s’agit d’une tradition familiales et que c’est à votre tour d’inviter
les 50 ou 100 personnes de votre famille, que se passerait-il si vous deviez
avouer ne pas être en mesure de respecter cette tradition ? Comment vous
sentiriez-vous ? Comment réagirait le groupe familial à votre égard ?
Peut-être plus dramatique :
imaginez un chef d’entreprise qui se rend normalement à certaines mondanités, certains
événements, ce qui lui permet de nouer contact avec des pairs et avec des
clients potentiels. En tant que chef d’entreprise, il est tenu à certains
codes, vestimentaires par exemple. Si le dress-code impose le costume, comment
croyez-vous que l’assemblée réagirait s’il se présentait en
jeans-baskets ? Pourrait-il remplir son carnet d’adresse et de commande
comme espéré ? Peut-être pas… Et
cela pourrait avoir des répercussions sur les personnes travaillant pour
lui : chômage économique, licenciements, ...
On voit, avec ces deux exemples,
l’importance que peut avoir l’intégration des personnes dans leurs groupes de
références, pour elles-mêmes et pour leurs entourages.
Reste l’épanouissement personnel,
tout au sommet de la pyramide. Nous pensons que cet épanouissement personnel
relève des capacités et possibilités de chacun à réaliser son potentiel
propre.
« OK ! » nous
direz-vous. Mais le développement durable, dans tout cela ? En tant
qu’individus, que pouvons-nous faire ?
Nous répondons à cette question
en trois étapes…
Avant toute chose, la toute première étape, peut-être la plus importante, est celle de l’acceptation et de la déculpabilisation. Chaque individu a parfaitement le droit de voir l’intégralité de ses besoins comblée, satisfaite, et personne n’a à culpabiliser à cause de ses besoins, qu’il s’agisse de besoins de base, de besoins sociaux, ou de besoins nécessaires à son épanouissement personnel. Et personne n’a le droit d’essayer de vous faire culpabiliser par rapport à vos besoins, au nom de quelque « bien commun » ou « intérêt supérieur » que ce soit. De toute façon, la personne qui vous tiendrait un tel discours n’est ni vous-même, ni à votre place…
Avant toute chose, la toute première étape, peut-être la plus importante, est celle de l’acceptation et de la déculpabilisation. Chaque individu a parfaitement le droit de voir l’intégralité de ses besoins comblée, satisfaite, et personne n’a à culpabiliser à cause de ses besoins, qu’il s’agisse de besoins de base, de besoins sociaux, ou de besoins nécessaires à son épanouissement personnel. Et personne n’a le droit d’essayer de vous faire culpabiliser par rapport à vos besoins, au nom de quelque « bien commun » ou « intérêt supérieur » que ce soit. De toute façon, la personne qui vous tiendrait un tel discours n’est ni vous-même, ni à votre place…
La deuxième étape nous semble
être celle de la compréhension. Comprendre quel est le besoin qui se fait
sentir. À quelle catégorie, à quel degré de la pyramide, appartient-il ?
Quelle est sa nature ? D’où vient-il ? Pourquoi existe-t-il ?
Etc. Parfois les réponses aux questions sont très simples, parfois elles sont
plus complexes. Quoi qu’il en soit, chacun a le droit de ressentir chacun des besoins
qu’il ressent, et chaque besoin à ses raisons d’être.
La troisième étape nous semble
être celle de la liberté accompagnée de son corolaire indissociable : la
responsabilité. Chacun est parfaitement libre de combler ses besoins, mais chacun
est responsable de la façon dont il comble les besoins en question. Ainsi, si
(et seulement si!, permettez-moi d’insister
sur cette condition) un dommage résulte de votre façon de satisfaire vos
besoins personnels, il est de votre responsabilité de limiter et réparer ce dommage. Comment faire ? Il appartient à
chacun de répondre à cette question selon ses circonstances personnelles.
Permettez-nous, à titre d’illustration,
de vous présenter les deux principes que nous utilisons, à la Pico Ferme, et plus particulièrement concernant notre « empreinte
écologique » :
Soit nous limitons au maximum
cette empreinte, que ce soit en diminuant l’impact de notre consommation ou en
produisant nous-mêmes et de façon respectueuse de l’environnement ce dont nous
avons besoin, ou que ce soit en achetant ce que nous ne produisons pas
nous-mêmes sous labels « vert », « bio » et/ou « éthique »,
ou en seconde main ;
Soit nous compensons notre
empreinte carbone, par la participation à des réserves naturelles, ainsi que
par la plantation d’arbres, que nous les plantions nous-mêmes ou les fassions
planter pour nous.
Le plus souvent, nous utilisons une combinaisons de ces deux principes.
Mais, toujours, nous acceptons et
respectons nos besoins personnels, quels qu’ils soient!
Après tout, comme j’ai pris l’habitude de le dire en souriant, s’il est vrai que je ne m’occuperais pas de notre potager ou des chèvres en tailleur "haute-couture", il est certain que je ne me permettrais pas d’accepter une invitation à une représentation théâtrale, par exemple, et de m’y rendre en pantalon de travail et bottes en caoutchouc !
Après tout, comme j’ai pris l’habitude de le dire en souriant, s’il est vrai que je ne m’occuperais pas de notre potager ou des chèvres en tailleur "haute-couture", il est certain que je ne me permettrais pas d’accepter une invitation à une représentation théâtrale, par exemple, et de m’y rendre en pantalon de travail et bottes en caoutchouc !
Un contact sur facebook me faisait remarquer, ce 11 janvier 2015, à quel point la forme pyramidale lui semblait inappropriée, et ce, principalement, pour 2 raisons:
RépondreSupprimer1) certaines personnes pourrait détourner cette hiérarchisation des besoins individuels afin de hiérarchiser, non plus les besoins en question, mais les individus eux-mêmes, et ce en fonction du niveau de satisfaction de leurs différents besoins. Une telle utilisation ne pourrait que soulever beaucoup de questions...
2) la pyramide, avec ses successions de degrés, mais sans relations directes entre les degrés qui ne se succéderaient ou ne se précéderaient pas directement, pourrait ne donner qu'une image tronquée de la relation dynamique des différents types de besoins entres-eux. Ainsi, pour reprendre un exemple de ce contact sur facebook, une personne épanouie pourrait, non seulement ne plus avoir tant besoin de la reconnaissance de son groupe de référence, de par son épanouissement personnel, mais pourrait également, moins ressentir le besoin de "simple" appartenance à un groupe.
Ce contact facebook, afin de répondre à ces 2 problématiques, proposait de reprendre une image d'étoile.
Je dois bien avouer que l'idée de placer les différents types, et non plus niveaux, de besoin sur les branches d'une étoile, elle-même replacée dans un cercle, avec les possibilités de relations directes entres tous les types de besoins que cette image peut représenter, me plait assez.
Grand merci à ce contact pour cette idée ;)