mercredi 17 juillet 2013

Pourquoi la Pico Ferme?

Pourquoi  la Pico Ferme ? Ou, plus exactement, pourquoi, alors que nous vivons en ville, avec toutes les facilités que cela représente, et que nous sommes fort contents de pouvoir utiliser, ne serait-ce que pour les transports en commun, ou les loisirs, et bien entendu les courses, pourquoi donc vouloir produire soi-même la plus grande partie possible de son alimentation ?


Comme expliqué dans notre article « Première présentation », la réponse repose sur deux piliers :

1)  La volonté d’être le plus indépendant possible par rapport à un système d’approvisionnement qui est toujours susceptible de se rompre,

2)  Le désir de limiter au maximum notre empreinte écologique, et la prise de conscience que le mode de production alimentaire occidental classique participe fortement à la détérioration de notre environnement.


Hé oui ! Notre production alimentaire, notre modèle de « Révolution Verte », basé sur l’homogénéité végétale, ou le fait de cultiver des variétés végétales génétiquement uniformes, complété par les engrais et les herbicides, a malheureusement eu des effets extrêmement négatifs sur notre environnement.  Citons, par exemple, la dégradation des terres, le déboisement, la surexploitation des nappes aquifères, la pollution des eaux, les gaz à effet de serre, la perte de biodiversité …

De plus, même si la « Révolution Verte » a permis une augmentation spectaculaire de la quantité d’aliments produit, les pertes et gaspillage de ces aliments sont tels qu’au moins 1/3 de la production n’est pas consommée.[1]

Et ces pertes et gaspillages se retrouvent à tous les niveaux, tant au moment de la production, que de la transformation, que de la vente, et même au niveau du consommateur final.[2]

De plus, toutes les ressources naturelles qui ont été utilisées pour produire, transporter, transformer et conserver ce 1/3 des aliments ainsi gaspillés, ont été utilisées en vain, avec l’empreinte écologique que cela représente.

Face à ce constat, nous nous sommes posé la question « Que faire ? » Et la réponse fut trouvée aussitôt : produire nous-même un maximum de ce que nous mangeons, afin et d’être le plus indépendant possible, et de participer le moins possible aux dégradations causée à notre environnement par le mode de production alimentaire occidental.

Evidemment, la première idée consista à partir vivre à la campagne, pour avoir la possibilité d’avoir notre petite ferme, même si ce n’était que pour notre production et notre consommation personnelle, sans but commercial aucun.

Nous nous sommes vite rendu compte que cela poserait d’énormes difficultés, ne serait-ce que par rapport aux moyens de transport pour les trajets domicile-travail. Nous avions beau faire, il nous fallait directement 2 voitures.

Nous avons donc décidé de rester en ville. Après-tout, en Belgique, plus de 90% de la population est considérée comme urbaine[3], et dans le monde, plus de 50% de la population vit dans des villes[4]. Et cette proportion augmentera encore dans les années à venir[5]. Nous avons donc choisi de rester en milieu urbain, et de produire la plus grande part de notre alimentation dans le petit jardin de notre maison de ville.

Encore fallait-il savoir ce que nous pouvions faire ! Si un potager et quelques petits fruitiers ne semblent pas devoir être problématiques, pour les arbres, les poules et les chèvres, il se peut que des législations spécifiques existent.

Renseignements pris, nous avons la chance de n’avoir d’autres contraintes que certaines distances par rapport aux propriétés des voisins, le respect du bien-être des animaux (Oui, il s’agit de textes législatifs, et c’est  tant mieux !), et la possession d’un numéro de troupeau pour les chèvres.

Et nous voilà avec la Pico Ferme !

« Quid des résultats ? » nous demanderez-vous. Eh bien, reprenons…

Concernant la dégradation des sols, nous luttons contre ce problème grâce à notre compost. Nous avons suivi une formation de guide composteur, et la plupart des gens savent maintenant que la création et l’utilisation du compost permet de favoriser la régénération et la bonne santé des sols.

Concernant le déboisement, certes notre terrain est trop petit pour planter une forêt, mais nous plantons autant d’arbres que possible, et le bois d’œuvre utilisé est issu prioritairement de la récupération, et à défaut, de forêt gérées durablement.

Concernant l’exploitation des eaux souterraines, nous avons déjà installé des bidons de récupération d’eau de pluie, et nous espérons pouvoir, un jour, placer une citerne de 10m³. Ce qui signifiera : plus  de ponction dans les nappes aquifères pour le jardin.

Concernant la pollution des eaux, et concernant l’exploitation des ressources naturelles nécessaires à la fabrication des produits phytosanitaires, en fait, nous n’utilisons pas ces produits. En cas de nécessité, les décoctions de plantes de fabrication personnelle fonctionnent très bien, sans l’empreinte écologique des produits chimiques.

Concernant la biodiversité, nous utilisons des semences de variétés anciennes, le plus locales possible, et nous produisons nous-même une partie de nos graines. De plus, nous mettons en place diverses actions pour favoriser la biodiversité animale, telles que : jardin fleuri, hôtels à insectes, …

Concernant les gaz à effet de serre, lors de la production, du transport, de la transformation, et de la conservation des aliments, déjà nous n’utilisons pas d’engin motorisés, donc pas de pétrole, certainement pas pour transporter les récoltes sur les 30 mètres qui séparent la cuisine du fond du jardin ; nous cuisinons presque exclusivement au bois, et nous conservons principalement les aliments grâce à la stérilisation que nous effectuons, elle aussi,  au bois.

Et enfin, concernant le gaspillage d’aliments, à toutes étapes de la chaîne production – consommation,  nous pensons sincèrement que cela n’existe quasiment pas chez nous. En effet, même si quelques pertes sont toujours possibles,  ce qui est produit est consommé, si pas par nous, par les animaux, et, dans le pire des cas, ce qui n’est pas consommé, même par les animaux, est utilisé pour la fabrication du compost.  Certes, dans ce cas, ce n’est plus une consommation alimentaire, mais cela ne finit pas non plus dans les poubelles.

Et puis, à ces résultats pratiquo-pratiques, il est une autre dimension qu’il nous faut ajouter. C’est la dimension du plaisir de cultiver notre jardin, et de profiter d’une alimentation saine, produite par nos soins.


2 commentaires:

  1. Je trouve ce que vous faite génial, et j'espère que beaucoup d'autres personnes vont vous suivre.
    Malheureusement j'habite dans un appartement au 3ième étage sans petit jardin mais je fait ma part pour une décroissance heureuse. Par ex je récupère l'eau de ma douche pour remplacer la chasse de ma toilette, je fait partie d'un jardin partagé donc je peut faire mes conserve aussi et j'ai un petit compost d'appartement que j'ai trouvé au salon Valériane à Namur. Et les légumes que nous avons en trop au jardin partagé, nous les donnons gratuitement. Voila ma petite participation, bien à vous, Nadine d'orp-Jauche.

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    1. Formidable, Nadine! Et, au passage, merci pour les encouragements.

      En fait, vous démontrez, vous aussi, que nous pouvons tous, chacun en fonction de nos avoirs, participer à la protection de notre environnement. Vous habitez, certes, dans un appartement, mais vous faites plein de "petits" gestes très intéressants: votre compost, la récup d'eau, votre participation à un jardin partagé, la distribution des surplus,... Je suis certaine que vous avez encore beaucoup d'autres "trucs et astuces". ;)

      N'hésitez pas à les partager.

      Bien à vous

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