vendredi 9 janvier 2015

DD 2.0 : l’individu

Dans notre article « L’Etoile du Nord de la Pico Ferme », nous vous énumérions les cinq branches de notre « Etoile », les cinq piliers de ce que nous appelons le Développement Durable 2.0, ou DD 2.0. Nous aimerions essayer de développer plus avant chacune de ces branches, à raison d’une par article.


Le tout premier pilier du DD 2.0, à notre avis, n’est autre que l’individu, soit chacun d’entre nous.
A tout niveau, des « simples citoyens » aux « hautes sphères », nous prenons de plus en plus conscience de l’importance de ce que nous faisons, de ce que nous sommes, et de l’impact que chacun de nos gestes peut avoir sur notre environnement. Et, heureusement, cet impact, qui peut être négatif, peut aussi est très fortement positif !

Mais, en tant qu’individus, tout en nous préoccupant de notre environnement, de la planète, nous avons aussi le droit de nous préoccuper de nous-mêmes, de nos droits et libertés les plus élémentaires, de nos besoins fondamentaux, de notre confort, de notre avenir et de notre épanouissement personnel.


Concernant les droits et libertés fondamentaux, le meilleur texte nous semble être la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Qu’on nous permette de citer quelques-uns de ses articles :

DUDH art 1er : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

DUDH art 2 : « 1.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
                            2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté. »

DUDH art 3 : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »

DUDH art 25.1 : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; (…) »

DUDH art 27.1 : « 1. Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent. »

DUDH art 28 : « Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet. »

DUDH art 30 : « Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés. » (Surligné par nos soins)



Concernant les besoins humains, qu’il s’agisse de l'alimentation, de  l'habillement,  du logement, et même plus, ainsi que pour l’intégration et  la participation à la vie sociale, et aussi de l’épanouissement personnel, une référence classique sur ce sujet est la fameuse pyramide des besoins élaborée à partir de la réflexion d’Abraham Maslow, et édité sous le titre « Devenir le meilleur de soi-même ».

Voici la version simplifié de cette pyramide que nous utilisons à la Pico Ferme, concernant le pilier « Individu », lorsque l’on nous demande d’expliquer notre philosophie de vie :



                                                                                                                                                            

Les 2 premiers niveaux, les besoins physiologiques et les besoins de sécurité, correspondent, à notre avis, à une différentiation d’accès aux ressources reflétant le statu socio-économique des personnes, un peu comme sur le  Titanic. Pour faire simple, les personnes ayant le meilleur accès aux différentes ressources ont les meilleures chances de survie, comme lors du tragique naufrage du célèbre paquebot, durant lequel les femmes et les enfants de première classe avaient plus de chances de pouvoir embarquer dans un canot de sauvetage que les femmes et enfants  de troisième classe[1].

Ainsi, les personnes n’ayant pas une alimentation suffisante, quelle qu’en soit la raison, n’ont pas les mêmes chances de survie que les personnes pouvant assurer leur subsistance. Il en va de même pour l’accès à l’eau, à une source de chaleur, à un abri, aux soins médicaux, … Tout comme les personnes ne pouvant pas assurer leur sécurité matérielle et/ou physique, soit elles-mêmes, soit par le biais des services d’une autre personne, ont moins de chances de survivre.

Nous ne pouvons qu’insister sur l’importance pour un individu d’être en mesure,  et en droit, de faire tout ce qu’il lui serait nécessaire pour survivre, qu’il s’agisse de produire ce dont il a besoin, ne serait-ce qu’en cultivant ses propres légumes, par exemple, et/ou de se prémunir des dangers potentiels. Après-tout, ne s’agit-il pas là des droits les plus élémentaires et naturels de tout être vivant ?


Les 2 niveaux suivants, l’appartenance à un groupe et la reconnaissance de celui-ci, relèvent, pour nous, plutôt d’une question de rang relatif. Il est quantité de choses dont nous n’avons pas forcément besoin pour survivre, mais que notre désire de nous intégrer dans un groupe donné peut nous amener à considérer comme indispensable.

Par exemple, vous n’avez pas forcément besoin de manger du saumon, des huîtres, et en quantité astronomique,  à Nouvel An pour survivre. Mais s’il s’agit d’une tradition familiales et que c’est à votre tour d’inviter les 50 ou 100 personnes de votre famille, que se passerait-il si vous deviez avouer ne pas être en mesure de respecter cette tradition ? Comment vous sentiriez-vous ? Comment réagirait le groupe familial à votre égard ?

Peut-être plus dramatique : imaginez un chef d’entreprise qui se rend normalement à certaines mondanités, certains événements, ce qui lui permet de nouer contact avec des pairs et avec des clients potentiels. En tant que chef d’entreprise, il est tenu à certains codes, vestimentaires par exemple. Si le dress-code impose le costume, comment croyez-vous que l’assemblée réagirait s’il se présentait en jeans-baskets ? Pourrait-il remplir son carnet d’adresse et de commande comme espéré ? Peut-être pas…  Et cela pourrait avoir des répercussions sur les personnes travaillant pour lui : chômage économique, licenciements, ...

On voit, avec ces deux exemples, l’importance que peut avoir l’intégration des personnes dans leurs groupes de références, pour elles-mêmes et pour leurs entourages.


Reste l’épanouissement personnel, tout au sommet de la pyramide. Nous pensons que cet épanouissement personnel relève des capacités et possibilités de chacun à réaliser son potentiel propre.



« OK ! » nous direz-vous.  Mais le développement durable, dans tout cela ? En tant qu’individus, que pouvons-nous faire ?

Nous répondons à cette question en trois étapes…

Avant toute chose, la toute première étape, peut-être la plus importante, est celle de l’acceptation et de la déculpabilisation.  Chaque individu a parfaitement le droit de voir l’intégralité de ses besoins comblée, satisfaite,  et personne n’a à culpabiliser à cause de ses besoins, qu’il s’agisse de besoins de base, de besoins sociaux, ou de besoins nécessaires à son épanouissement personnel.  Et personne n’a le droit d’essayer de vous faire culpabiliser par rapport à vos besoins, au nom de quelque « bien commun » ou « intérêt supérieur » que ce soit. De toute façon, la personne qui vous tiendrait un tel discours n’est ni vous-même, ni à votre place…

La deuxième étape nous semble être celle de la compréhension. Comprendre quel est le besoin qui se fait sentir. À quelle catégorie, à quel degré de la pyramide, appartient-il ? Quelle est sa nature ? D’où vient-il ? Pourquoi existe-t-il ? Etc. Parfois les réponses aux questions sont très simples, parfois elles sont plus complexes. Quoi qu’il en soit, chacun a le droit de ressentir chacun des besoins qu’il ressent, et chaque besoin à ses raisons d’être.

La troisième étape nous semble être celle de la liberté accompagnée de son corolaire indissociable : la responsabilité. Chacun est parfaitement libre de combler ses besoins, mais chacun est responsable de la façon dont il comble les besoins en question. Ainsi, si (et seulement si!, permettez-moi d’insister  sur cette condition) un dommage résulte de votre façon de satisfaire vos besoins personnels, il est de votre responsabilité de limiter et réparer ce dommage.  Comment  faire ? Il appartient à chacun de répondre à cette question selon ses circonstances personnelles.



Permettez-nous, à titre d’illustration, de vous présenter les deux principes que nous utilisons, à la Pico Ferme, et  plus particulièrement concernant notre « empreinte écologique » :

Soit nous limitons au maximum cette empreinte, que ce soit en diminuant l’impact de notre consommation ou en produisant nous-mêmes et de façon respectueuse de l’environnement ce dont nous avons besoin, ou que ce soit en achetant ce que nous ne produisons pas nous-mêmes sous labels « vert »,  « bio » et/ou « éthique », ou en seconde main ;

Soit nous compensons notre empreinte carbone, par la participation à des réserves naturelles, ainsi que par la plantation d’arbres, que nous les plantions nous-mêmes ou les fassions planter pour nous.

Le plus souvent, nous utilisons une combinaisons de ces deux principes.


Mais, toujours, nous acceptons et respectons nos besoins personnels, quels qu’ils soient!


Après tout, comme j’ai pris l’habitude de le dire en souriant, s’il est vrai que je ne m’occuperais pas de notre potager ou des chèvres en tailleur "haute-couture", il est certain que je ne me permettrais pas d’accepter une invitation à une représentation théâtrale, par exemple, et de m’y rendre en pantalon de travail et bottes en caoutchouc !



1 commentaire:

  1. Un contact sur facebook me faisait remarquer, ce 11 janvier 2015, à quel point la forme pyramidale lui semblait inappropriée, et ce, principalement, pour 2 raisons:

    1) certaines personnes pourrait détourner cette hiérarchisation des besoins individuels afin de hiérarchiser, non plus les besoins en question, mais les individus eux-mêmes, et ce en fonction du niveau de satisfaction de leurs différents besoins. Une telle utilisation ne pourrait que soulever beaucoup de questions...

    2) la pyramide, avec ses successions de degrés, mais sans relations directes entre les degrés qui ne se succéderaient ou ne se précéderaient pas directement, pourrait ne donner qu'une image tronquée de la relation dynamique des différents types de besoins entres-eux. Ainsi, pour reprendre un exemple de ce contact sur facebook, une personne épanouie pourrait, non seulement ne plus avoir tant besoin de la reconnaissance de son groupe de référence, de par son épanouissement personnel, mais pourrait également, moins ressentir le besoin de "simple" appartenance à un groupe.

    Ce contact facebook, afin de répondre à ces 2 problématiques, proposait de reprendre une image d'étoile.

    Je dois bien avouer que l'idée de placer les différents types, et non plus niveaux, de besoin sur les branches d'une étoile, elle-même replacée dans un cercle, avec les possibilités de relations directes entres tous les types de besoins que cette image peut représenter, me plait assez.

    Grand merci à ce contact pour cette idée ;)

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