Ce vendredi 02 mai 2014, nous avons eu la chance d’assister
à la soirée inaugurale du festival Insectopolis
de la faculté Agro-Bio
Tech de Gembloux se tenant cette année, et de participer à la dégustation d’insectes
organisée à l’issue de la conférence sur l’entomophagie.
Mais qu’est-ce que cette entomophagie ? Rien de moins que le fait de manger… des
insectes. Oui, oui, vous lisez bien : nous avons pu déguster des insectes.
« En voilà une idée ! » nous direz-vous. Et
pourquoi donc, en Europe, mangerions-nous des insectes ? Cela se fait dans
d’autres pays, dans d’autres cultures…
Mais pas ici ! Pas en Europe ! Pas en Belgique !
En fait, voilà déjà une première excellente raison de goûter
à l’entomophagie : l’ouverture aux autres, et à leurs cultures.
Mais au XXIème siècle, manger des insectes offre d’autres
perspectives que l’ouverture culturelle.
Pour commencer, la consommation d’insecte permettrait de
lutter contre la faim et la malnutrition, à fortiori lorsque nous atteindrons
les 9 milliards d’individus sur Terre. Encore aujourd’hui, plus de 800 million
de personnes, de par le monde, souffrent de malnutrition[1].
Nourrir 9 milliards de personnes, avec les modes de
production et de consommation actuels, nécessiterait de presque doubler la
quantité d’aliments produite[2]. Il semble difficile d’augmenter à l’infini
les surfaces de cultures ou d’élevage, ou de pêcher encore plus de poissons
dans des océans déjà soumis à la surpêche actuelle.
L’élevage d’insectes, par contre, ne nécessite ni autant de
place pour leur reproduction et leur croissance, ni autant d’aliments végétaux,
et donc autant de surface de culture végétales. Par exemple, pour produire un
kilogramme de masse corporelle, les insectes demanderont jusqu’à 4 fois moins
de nourriture que les bovins[3].
Ils sont pourtant très nutritifs, offrent un taux élevé de protéines, et des
taux de minéraux et de vitamines tels que 50 à 100 grammes d’insectes
couvriraient, de manière générale, 100% des apports journaliers recommandés[4].
Les insectes peuvent donc remplacer une partie de la viande nécessaire, tant en
situation d’urgence, que dans nos habitudes alimentaires.
De plus, la consommation d’insectes pourrait nous aider dans
la protection de notre environnement, et dans la lutte contre les changements
climatiques.
En effet, l’élevage d’insectes demande beaucoup moins d’eau
que l’élevage de bétails traditionnel ; certains insectes peuvent être
nourri avec des déchets organiques, et transformer ces déchets en protéines
pour l’alimentation des poules[5],
par exemple ; et enfin, l’élevage de la plupart des insectes produit
nettement moins de gaz à effet de serre que l’élevage du bétail conventionnel[6].
Pour finir, il serait possible de réaliser des élevages de
petites dimensions familiales, ce qui permettrait d’avoir un accès local à
cette ressource[7].
Les insectes semblent donc avoir un potentiel alimentaire
assez intéressant. Attention cependant : il ne s’agit surtout pas de se
rendre au jardin et de ramasser une poignée de « petites bêtes » pour
le souper. Vous auriez toutes les chances de vous retrouver au service des
urgences médicales pour empoisonnement !
Tous les insectes ne sont pas comestibles…
En l’état actuel, l’AFSCA, l’Agence Fédérale pour la
Sécurité de la Chaîne Alimentaire, en Belgique, tolère la vente de quelques
insectes. Voici ce qu’il est possible de trouver sur leur site, à
ce sujet :
« (…) La mise sur le marché des espèces reprises dans
le tableau ci-dessous est tolérée à condition que les prescriptions relatives à
la sécurité alimentaire soient respectées. Cette liste a été établie à
l’occasion d’un tour de table de la Commission européenne en 2011 et est
le reflet des espèces d’insectes qui sont disponibles en Belgique pour la
consommation humaine. (…)
Grillon domestique
|
Acheta domesticus
|
Criquet migrateur africain
|
Locusta migratoria migratorioides
|
Ver de farine géant
|
Zophobas atratus morio
|
Ver de farine
|
Tenebrio molitor
|
Ver Buffalo
|
Alphitobius diaperinus
|
Chenille de la fausse teigne
|
Galleria mellonella
|
Criquet pèlerin d’Amérique
|
Schistocerca americana gregaria
|
Grillon à ailes courtes
|
Gryllodes sigillatus
|
Chenille de la petite fausse teigne
|
Achroia grisella
|
Chenille du bombyx
|
Bombyx mori
|
Pour la mise sur le marché de ces espèces les règles
générales de la législation alimentaire sont en vigueur, en particulier et
entre autre l’application de bonnes pratiques d’hygiène, la traçabilité, la
notification obligatoire, l’étiquetage et la mise en place d’un système
d’autocontrôle basé sur les principes du HACCP. (…) »[8]
OK… Nous voilà convaincu du potentiel de l’entomophagie, et
prévenus des risques. Mais finalement,
est-ce bon, les insectes ? Et
comment les présenter à table ?
Nous vous laissons découvrir cela en image…
[1]
Statistiques de la FAO, consultées en ligne le 05 mai 2014 : http://faostat3.fao.org/faostat-gateway/go/to/home/F
[2] FAO, Edible insects, 2013, http://www.fao.org/docrep/018/i3253e/i3253e.pdf
[5] FAO, Edible insects, 2013, op cit
[8]
AFSCA, Mise sur le
marché d’insectes et de denrées à base d’insectes pour la consommation humaine,
dernière consultation le 05/05/2014
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