Pourquoi la Pico Ferme ? Ou, plus exactement,
pourquoi, alors que nous vivons en ville, avec toutes les facilités que cela
représente, et que nous sommes fort contents de pouvoir utiliser, ne serait-ce
que pour les transports en commun, ou les loisirs, et bien entendu les courses,
pourquoi donc vouloir produire soi-même la plus grande partie possible de son
alimentation ?
Comme expliqué dans notre article
« Première
présentation », la réponse repose sur deux piliers :
1) La
volonté d’être le plus indépendant possible par rapport à un système d’approvisionnement
qui est toujours susceptible de se rompre,
2) Le
désir de limiter au maximum notre empreinte écologique, et la prise de
conscience que le mode de production alimentaire occidental classique participe
fortement à la détérioration de notre environnement.
Hé oui ! Notre production
alimentaire, notre modèle de « Révolution Verte », basé sur l’homogénéité
végétale, ou le fait de cultiver des variétés végétales génétiquement
uniformes, complété par les engrais et les herbicides, a malheureusement eu des
effets extrêmement négatifs sur notre environnement. Citons, par exemple, la dégradation des
terres, le déboisement, la surexploitation des nappes aquifères, la pollution
des eaux, les gaz à effet de serre, la perte de biodiversité …
De plus, même si la « Révolution
Verte » a permis une augmentation spectaculaire de la quantité d’aliments
produit, les pertes et gaspillage de ces aliments sont tels qu’au moins 1/3 de
la production n’est pas consommée.[1]
Et ces pertes et gaspillages se
retrouvent à tous les niveaux, tant au moment de la production, que de la
transformation, que de la vente, et même au niveau du consommateur final.[2]
De plus, toutes les ressources
naturelles qui ont été utilisées pour produire, transporter, transformer et
conserver ce 1/3 des aliments ainsi gaspillés, ont été utilisées en vain, avec
l’empreinte écologique que cela représente.
Face à ce constat, nous nous
sommes posé la question « Que faire ? » Et la réponse fut
trouvée aussitôt : produire nous-même un maximum de ce que nous mangeons,
afin et d’être le plus indépendant possible, et de participer le moins possible
aux dégradations causée à notre environnement par le mode de production
alimentaire occidental.
Evidemment, la première idée consista
à partir vivre à la campagne, pour avoir la possibilité d’avoir notre petite
ferme, même si ce n’était que pour notre production et notre consommation
personnelle, sans but commercial aucun.
Nous nous sommes vite rendu
compte que cela poserait d’énormes difficultés, ne serait-ce que par rapport
aux moyens de transport pour les trajets domicile-travail. Nous avions beau
faire, il nous fallait directement 2 voitures.
Nous avons donc décidé de rester
en ville. Après-tout, en Belgique, plus de 90% de la population est considérée
comme urbaine[3],
et dans le monde, plus de 50% de la population vit dans des villes[4].
Et cette proportion augmentera encore dans les années à venir[5].
Nous avons donc choisi de rester en milieu urbain, et de produire la plus
grande part de notre alimentation dans le petit jardin de notre maison de
ville.
Encore fallait-il savoir ce que
nous pouvions faire ! Si un potager et quelques petits fruitiers ne
semblent pas devoir être problématiques, pour les arbres, les poules et les chèvres,
il se peut que des législations spécifiques existent.
Renseignements pris, nous avons
la chance de n’avoir d’autres contraintes que certaines distances par rapport
aux propriétés des voisins, le respect du bien-être des animaux (Oui, il s’agit
de textes législatifs, et c’est tant mieux !), et la possession d’un
numéro de troupeau pour les chèvres.
Et nous voilà avec la Pico Ferme !
« Quid des résultats ? »
nous demanderez-vous. Eh bien, reprenons…
Concernant la dégradation des
sols, nous luttons contre ce problème grâce à notre compost. Nous avons suivi
une formation de guide composteur, et la plupart des gens savent maintenant que
la création et l’utilisation du compost permet de favoriser la régénération et
la bonne santé des sols.
Concernant le déboisement, certes
notre terrain est trop petit pour planter une forêt, mais nous plantons autant
d’arbres que possible, et le bois d’œuvre utilisé est issu prioritairement de
la récupération, et à défaut, de forêt gérées durablement.
Concernant l’exploitation des
eaux souterraines, nous avons déjà installé des bidons de récupération d’eau de
pluie, et nous espérons pouvoir, un jour, placer une citerne de 10m³. Ce qui
signifiera : plus de ponction dans
les nappes aquifères pour le jardin.
Concernant la pollution des eaux,
et concernant l’exploitation des ressources naturelles nécessaires à la
fabrication des produits phytosanitaires, en fait, nous n’utilisons pas ces
produits. En cas de nécessité, les décoctions de plantes de fabrication
personnelle fonctionnent très bien, sans l’empreinte écologique des produits
chimiques.
Concernant la biodiversité, nous
utilisons des semences de variétés anciennes, le plus locales possible, et nous
produisons nous-même une partie de nos graines. De plus, nous mettons en place
diverses actions pour favoriser la biodiversité animale, telles que :
jardin fleuri, hôtels à insectes, …
Concernant les gaz à effet de
serre, lors de la production, du transport, de la transformation, et de la
conservation des aliments, déjà nous n’utilisons pas d’engin motorisés, donc
pas de pétrole, certainement pas pour transporter les récoltes sur les 30 mètres qui séparent la cuisine du fond du jardin ; nous cuisinons presque
exclusivement au bois, et nous conservons principalement les aliments grâce à
la stérilisation que nous effectuons, elle aussi, au bois.
Et enfin, concernant le
gaspillage d’aliments, à toutes étapes de la chaîne production – consommation, nous pensons sincèrement que cela n’existe
quasiment pas chez nous. En effet, même si quelques pertes sont toujours
possibles, ce qui est produit est
consommé, si pas par nous, par les animaux, et, dans le pire des cas, ce qui n’est
pas consommé, même par les animaux, est utilisé pour la fabrication du compost. Certes, dans ce cas, ce n’est plus une
consommation alimentaire, mais cela ne finit pas non plus dans les poubelles.
Et puis, à ces résultats
pratiquo-pratiques, il est une autre dimension qu’il nous faut ajouter. C’est
la dimension du plaisir de cultiver notre jardin, et de profiter d’une
alimentation saine, produite par nos soins.
Je trouve ce que vous faite génial, et j'espère que beaucoup d'autres personnes vont vous suivre.
RépondreSupprimerMalheureusement j'habite dans un appartement au 3ième étage sans petit jardin mais je fait ma part pour une décroissance heureuse. Par ex je récupère l'eau de ma douche pour remplacer la chasse de ma toilette, je fait partie d'un jardin partagé donc je peut faire mes conserve aussi et j'ai un petit compost d'appartement que j'ai trouvé au salon Valériane à Namur. Et les légumes que nous avons en trop au jardin partagé, nous les donnons gratuitement. Voila ma petite participation, bien à vous, Nadine d'orp-Jauche.
Formidable, Nadine! Et, au passage, merci pour les encouragements.
SupprimerEn fait, vous démontrez, vous aussi, que nous pouvons tous, chacun en fonction de nos avoirs, participer à la protection de notre environnement. Vous habitez, certes, dans un appartement, mais vous faites plein de "petits" gestes très intéressants: votre compost, la récup d'eau, votre participation à un jardin partagé, la distribution des surplus,... Je suis certaine que vous avez encore beaucoup d'autres "trucs et astuces". ;)
N'hésitez pas à les partager.
Bien à vous